Good bye Lima, en attendant Paris…

'Die in' civil society protest at COP20
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'Die in' civil society protest at COP20

Cela s'est transformé en une funeste tradition : à chaque fin d'année, dès que commence le Sommet des Nations unies pour le changement climatique, un typhon désastreux frappe les Philippines. Il ne s'agit pas de la seule catastrophe naturelle de l'année, loin de là. Mais les typhons des Philippines semblent donner rendez-vous aux négociateurs internationaux qui doivent discuter des moyens de faire face au changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement de la Terre.

Pour la troisième année consécutive, donc, alors que commençait le Sommet du changement climatique à Lima, au Pérou, un nouveau typhon frappait les Philippines, donnant lieu à l'habituelle litanie sur les discours concernant « l'urgence » d'entamer une action pour freiner les émissions des gaz à effet de serre, prononcés notamment par le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-Moon et la secrétaire exécutive de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) Christiana Figueres. Peine perdue : l'adjectif « lent » a rarement été aussi employé pour qualifier des négociations, jusqu'aux toutes dernières heures du sommet.

Toutefois, Lima aura en quelque sorte tenu ses promesses. À un an du sommet de Paris au cours duquel, en décembre prochain, devrait avoir lieu la signature d'un accord mondial légalement contraignant sur la réduction des émissions, les négociateurs sont parvenus à un accord principalement axé sur les « contributions nationales », en d'autres termes les engagements écrits de réduction des gaz à effet de serre que devront prendre tous les pays parties à la convention d'ici à mars ou au plus tard mai.

L'accord de Lima, après de difficiles négociations qui ont duré trente heures de plus que prévu, tient compte des revendications des uns et des autres : ces contributions nationales pourront mentionner les efforts d'adaptation des pays au changement climatique et les budgets que comptent assurer les pays développés aux pays les plus vulnérables. Ces conditions sont celles des pays en développement. Les contributions devront également définir les objectifs clairs des efforts de réduction d'émissions envisagés par chaque pays, avec une description des moyens pour y accéder (comme augmenter la dépendance sur les énergies renouvelables par exemple), une précision de l'année de référence (par rapport à laquelle la réduction est calculée)... C'était la revendication des pays développés depuis le début. Ce clivage entre pays du Nord et pays du Sud n'a pas pour autant été réglé et il semble devoir accompagner tous les pourparlers en prévision de Paris 2015.

L'accord de Lima, même s'il a mis en route le processus vers Paris, garde cependant bien des questions en suspens. Les contributions nationales formeront-elles un ensemble assez homogène pour pouvoir être synthétisé ? Seront-elles assez ambitieuses pour assurer une réduction mondiale des gaz à effet de serre de manière à maintenir la hausse de la température de la terre en deçà des deux degrés, seuil au-delà duquel le réchauffement aurait des conséquences imprévisibles selon les scientifiques ? À quel type de vérification ces contributions seront-elles soumises ?

Toutefois, les deux questions que Lima aura vraiment laissées en suspens sont celle du financement et celle des efforts immédiats à fournir pour ralentir le réchauffement. Ainsi, les moyens par lesquels les 100 milliards de dollars promis par les pays riches pour financer la période d'après-2020 (date à laquelle le futur accord de Paris devrait entrer en vigueur) restent peu clairs. De plus, les engagements des gouvernements pour la période d'avant-2020 n'ont connu aucun progrès au cours des négociations de Lima. Or, ce sujet ne trouvera pas sa place dans les multiples étapes des difficiles négociations qui s'annoncent en 2015.

Certes, tout n'est pas noir : un budget de plus de dix milliards de dollars a été assuré au fonds consacré aux pays les plus vulnérables, de grands pollueurs tels les États-Unis ou la Chine modifient leurs positions et annoncent des mesures de réduction des émissions... Mais les divergences restent considérables, c'est la leçon qui pourrait être tirée de Lima. La route est semée d'embûches et le temps est compté, à en croire les scientifiques. Mais rien n'interdit l'espoir. La fabuleuse manifestation climatique de New York en septembre, la marche très colorée au caractère fortement sud-américain qui a eu lieu à Lima en plein sommet ne sont-elles pas une fenêtre ouverte vers une mobilisation mondiale future ?