Climat - La discussion se concentre actuellement sur les contributions nationales des pays en vue d'un accord global à Paris en 2015, et la pression monte.
La lenteur des négociations est devenue un leitmotiv au cours du vingtième sommet du changement climatique de Lima. On aurait pu penser que l'arrivée des ministres, et la fin du sommet qui approche, auraient accéléré le processus de négociations. Mais il semblait hier que les progrès se poursuivaient toujours à pas de tortue.
Le sommet de Lima est une étape importante avant l'accord global et présumé légalement contraignant qui doit être négocié et signé à Paris l'année prochaine, étant donné que beaucoup de questions peuvent y être réglées en prévision de ce grand rendez-vous mondial. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui présidera la conférence de 2015 en tant que pays hôte, a estimé mercredi que « la meilleure façon d'obtenir un succès à Paris est d'obtenir un succès à Lima ». Quant au secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, il martelait hier : « Nous n'avons pas de temps à perdre. »
Dans ce cadre, les négociations portent notamment sur un papier d'éléments préliminaires pour le nouvel accord de Paris. Une nouvelle version a été publiée mercredi de ce dernier, « avec un nombre accru de pages et des options contradictoires visant à satisfaire les différentes parties, en leur donnant l'impression que leurs priorités sont toujours sur la table », a noté l'organisation Oxfam. Ce document deviendra le texte de l'accord de Paris en 2015, mais selon des observateurs, plus de travail que prévu sera reporté à l'année prochaine si les progrès restent aussi lents.
Après 2020
Parallèlement, les discussions entre négociateurs tournent autour des Contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN), en d'autres termes les engagements de réduction d'émissions que devront prendre les pays en vue de l'accord qui sera signé à Paris en 2015. De l'avis d'observateurs, les conflits sur les questions essentielles demeurent à plusieurs niveaux : suivant quels critères les pays seront-ils répartis (auparavant, ils étaient divisés en pays développés et en voie de développement, or des économies émergentes comptent depuis quelques années parmi les grands pollueurs) ? Quelles informations seront requises dans ces documents ? Ceux-ci seront-ils comparables au final ? Y aura-t-il un processus d'évaluation indépendant qui décidera si ces engagements suffisent à garder l'augmentation de température de la terre en deçà des deux degrés ?
Hier, à Lima, le président du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec-Onu), Rajendra Pachauri, a mis en garde une nouvelle fois contre un réchauffement de plus de deux degrés, pouvant même atteindre les 4,5 degrés en cas d'inaction de la communauté internationale, soulignant que «l'impact d'un tel réchauffement est pratiquement impossible à imaginer ».
Sur les contributions nationales, qui ont gardé les négociateurs éveillés une bonne partie de la nuit de mercredi à jeudi, la discussion porte notamment sur deux points : les ministres devront décider, à moins que ce ne soit reporté à l'année prochaine, si ces CPDN devront comporter une mention des plans d'adaptation des pays au changement climatique. Il s'agit d'une revendication des pays en développement, rejetée en bloc ou en partie par les pays développés, qui préfèrent que ces documents restent concentrés sur les efforts de réduction des émissions. Autre point de discorde : les CPDN devront-elles contenir une description de l'appui financier des pays développés aux pays pauvres après 2020 (date à laquelle l'accord de Paris devrait entrer en vigueur) ? Cette proposition est rejetée jusque-là, selon les informations, par les représentants des pays développés.
Des points d'interrogation entourent donc l'issue du sommet de Lima, qui devrait se prolonger jusqu'à samedi si les choses se poursuivent ainsi.